Souvenez-vous, « la vie, la santé,
l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » s’interrogeait Laurence Parisot, présidente du Medef dans une interview au Figaro, le 30 aout 2005.
La volonté de tailler dans le code du travail ne date pas d’hier, mais depuis quelques années, patronat et droite «décomplexés» ont accéléré la cadence.
Dès l’élection du président Sarkozy en 2007, le medef souhaitait «fluidifier» le marché du travail en augmentant la «séparabilité» entre employeur et salarié avec la mise en place des ruptures
conventionnelles.
C’est dans ce contexte que la crise fi nancière a éclaté engendrant un argument de circonstance, difficilement contestable pour le patronat.
En 2008, l’INSEE publiait une enquête qui révélait que 13% des salariés occupaient un emploi précaire.
Ces emplois à contrats fragiles (intérimaires, CDD,…) ont été les premiers à sauter avec l’éclatement de la crise financière.
Ainsi, la moyenne annuelle du volume de travail temporaire équivalent-emplois à temps plein est passée de 604 300 en 2008 à 447 300 en 2009.
Mais les salariés en CDI ont également été touchés avec les fermetures de sites, la multiplication des ruptures conventionnelles et les plans de départs volontaires…
Pour «s’adapter» à la crise en 2009, un groupe comme Schneider a supprimé 6% de ses effectifs en France, soit plus de 1000 emplois.
Chez PSA, 6000 à 7000 postes ont été détruits en France, en 2009, sous la forme de départs volontaires et préretraite.
En tout, 185 000 emplois ont disparu dans la branche depuis 2008, et plus de 300 000 salariés ont quitté leur emploi dans la métallurgie depuis 2 ans.
Mais les choix stratégiques pour flexibiliser davantage les salariés ont pris un nouveau tournant après les milliers de suppression d’emplois.
En effet, depuis 2010, dans la branche métallurgie, 69,1 millions d’heures supplémentaires ont été réalisées, soit l’équivalent de 43 000 emplois (base 35h).
De même, dans de nombreuses entreprises de la métallurgie, force est de constater une reprise du travail temporaire et la multiplication des heures supplémentaires obligatoires.
Ainsi, Schneider Electric comptait fin mai 2011, 2 763 intérimaires, soit 30% des effectifs ouvriers et chez PSA, l’emploi intérimaire représente environ 8 000 personnes au sein du groupe.
Ce tour de passe-passe pour remplacer des emplois en CDI en contrats intérimaires est doublement bénéfique pour le patronat.
En effet, les salariés sous contrats précaires deviennent une formidable variable d’ajustement.
D’autre part, la multiplication des contrats précaires permettent de faire pression sur les salariés toujours sous contrat à durée indéterminé dégradant par conséquence les conditions de
travail.
Ainsi, en 2010, la direction de PSA imposait une nouvelle réglementation sur le travail de nuit volontaire.
Aussi, les suppressions de postes entrainent une intensification du travail et par conséquent une dégradation des conditions de travail.
Par exemple, chez Caterpillar à Grenoble, un an après le licenciement de 800 salariés, la CGT a soumis aux salariés une enquête sur les conditions de travail.
Au-delà du constat accablant sur le stress et l’état de santé du personnel, 53,7% des salariés qui ont répondu au questionnaire, estiment qu’il y a besoin d’embaucher une ou plusieurs personnes
dans leur secteur.
Conscients des enjeux face à la détérioration de l’emploi et des conditions de travail et face aux choix de la finance, les batailles pour l’emploi se sont multipliées depuis l’an dernier.
Notamment lors des NOE, où les salariés, avec la CGT ont arraché quelques embauches comme chez Europcar Roissy qui outre des augmentations de salaires ont gagné l’embauche de 3 salariés
supplémentaires en mai dernier.
C’est également dans ce sens que la CGT PSA se bat aujourd’hui après l’annonce par leur direction de la suppression de milliers d’intérimaires.
Dans un tract fin septembre, la CGT du site PSA Sochaux dénoncait le plan d’économie annoncé par la direction qui se fera au détriment de l’emploi et des conditions de travail «Faire travailler
toujours plus de moins en moins de salariés. Ras le bol de cette logique injuste qui sacrifie toujours les travailleurs et principalement les jeunes.Aujourd’hui, il n’y a pas de sureffectif dans
l’usine. Au contraire, beaucoup de salariés souffrent de la surcharge de travail (...) toutes les catégories sont touchées».
En 2006, des millions d’étudiants, salariés, sans emplois, retraités, étaient descendus dans la rue pour refuser ensemble la création d’un nouveau contrat précaire.
Le CPE n’a pas vu le jour, mais la précarité de l’emploi s’accroit.
C’est pourquoi le 11 octobre, la fédération CGT de la métallurgie, dans le cadre de la journée d’action intersyndicale portera haut et fort les revendications débattues lors du 39e congrès en mai
dernier autour de l’emploi, des salaires, des conditions de travail et de la retraite.
http://www.ftm.cgt.fr/textelong.php?IDchapitre=457&IDrub=1&IDsousrubrique=2